mercredi 29 février 2012

Plus de pesticides dans votre eau !

Le Ministère de la Santé rend plus facile la distribution d’eau polluée par des pesticides au-delà de la limite de qualité !

Contexte. La Directive 98/83/CE (1) est claire : au-delà de 0,10 μg/L ( 0.1 microgramme par litre) par substance pesticide individuelle ou de 0,50 μg/L pour le total des pesticides quantifiés, la limite de qualité (2) réglementaire est dépassée. MAIS, car il y a un mais, cela ne veut pas dire qu’au-delà de ces valeurs l’eau contaminée ne pouvait nécessairement plus être distribuée.

AVANT : Avis du CSHPF. Un avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France daté du 7 juillet 1998 prévoyait, en interprétation de la Directive 98/83, que l’eau ne devait « pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments » si un pesticide s’y trouvait à une quantité supérieure à 20% d’une valeur appelée « valeurs sanitaires maximales », (V Max, définie par l’OMS), pendant plus d’un mois, ou si la teneur en pesticides dépassait ne serait qu’un jour cette V Max…toujours largement supérieure au 0.1 μg/L de la limité dite ‘de qualité’.
Cette situation pouvait déjà paraître anormale puisqu’elle entérinait une situation dans laquelle on tolérait la distribution d’eau contenant des quantités de pesticides bien supérieures à la limite de qualité, au motif qu’elle ne présenterait pas de risque sanitaire au regard de la V Max.

AUJOURD’HUI : Une instruction récente de la DG Santé augmente la tolérance ! Cette situation a encore empiré depuis la publication en catimini d’une instruction (3) de la direction Générale de la Santé le 9 décembre 2010, publiée au BO en février 2011. Cette instruction prévoit en effet que dorénavant, pour que des restrictions de distribution d’eau contenant des pesticides soit mises en place, c’est 100% de la V Max du pesticide concerné qui devra être atteinte, quelle que soit la durée de l’exposition.

Exemple concret. Qu’est ce que cela change ? Un exemple simple permet de comprendre : Pour l’atrazine, pesticide très fréquemment retrouvé dans les eaux en France, la V Max est de 2 μg/L.
> Avant la note de 2010, dès la valeur de 20% de la V %Max pendant plus d’un mois, soit 0.4 μg/L d’atrazine, pendant plus d’un mois, une interdiction temporaire de consommation était prononcée.
> Depuis la note de 2010, c’est 100% de la V Max, soit 2 μg/L d’Atrazine, qu’il faudra dorénavant dépasser pour voir l’eau interdite à la consommation, même si le dépassement dépasse 30 jours !



« Autrement dit : on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010 ! » déclare François Veillerette, porte Parole de Générations Futures, ONG spécialisée dans la question des pesticides, qui s’insurge contre « une instruction du Ministère de la Santé passée inaperçue et visant à rendre plus commode la distribution d’eau polluée par des quantités de pesticides bien plus importantes qu’avant 2010. Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats Unis, on va maintenant tolérer jusqu’à 300 μg/L d’eau pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/L pendant la même durée ! » proteste t’il.

Une baisse artificielle ! Autre conséquence logique de cette nouvelle mesure dénoncée par Générations Futures : la baisse artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à une estimation de 8 939 dans le bilan de la qualité des eaux 2010 (4) !

« Cette amélioration en trompe l’œil n’est due qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation » proteste François Veillerette qui voit là « la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfèrent changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre ! Les candidats à l’élection présidentielle doivent se positionner et promettre de revenir sur ce changement de système qui va conduire à une exposition grandissante du public à des pesticides dangereux » Conclut il.


1 :DIRECTIVE 98/83/CE DU CONSEIL du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine
2 : Sauf pour : aldrine, dieldrine,heptachlore et heptachloroépoxyde : ou la LQ = 0,03 μg/L
3 : Instruction DGS/EA4 no 2010-424 du 9 décembre 2010 relative à la gestion des risques sanitaires en cas de dépassement des limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine pour les pesticides. NOR : ETSP1031820J. http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2011/11-01/ste_20110001_0100_0131.pdf
4 : bilan de la qualité des eaux 2010, DGS, congrès national santé environnement, 14-15 décembre 2011.

lundi 27 février 2012

Phyto Victimes rencontre B Lemaire et Dacian Ciolos

victimesvictimes
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libres de droit. Demander l'autorisation au photographe Olivier Picard pour
tout publication. Tel : 06 60 54 04 32 - Mail : contact@olivierpicard.com

Les images de l'action Phytovictimes au salon de l'agriculture

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dimanche 26 février 2012

Générations Futures salue l’action d’un groupe d’agriculteurs et d’autres professionnels victimes des pesticides membres de Phyto-victimes sur le stan


Une action symbolique. Aujourd’hui, des agriculteurs, des veuves et d’autres utilisateurs professionnels victimes de l’utilisation des pesticides osent se montrer en plein jour et accuser un système qui les a rendus malades. Il s’agit d’une avancée considérable. Générations Futures rend hommage à leur grand courage et pense aux souffrances qui les touchent, eux et leurs familles. Du courage il en faut en effet pour oser témoigner alors que l’ensemble du système agro-industriel fait régner l’omerta sur ce sujet depuis un demi-siècle !

Générations Futures accuse les responsables de ces tragédies.

- Les firmes de l’agrochimie d’abord qui nient la dangerosité des leurs produits en minimisant les risques et en faisant porter la responsabilité d’éventuels accidents aux utilisateurs eux-mêmes (3).

- L’Etat ensuite, qui n’a pas su mettre en place un système d’évaluation des pesticides qui ne repose pas que sur des données fournies par les firmes elles-mêmes. L’Etat qui n’a pas non plus su voir assez tôt que le ‘système pesticides’ en agriculture devait céder la place à des systèmes agronomiques moins dépendants des pesticides. Aujourd’hui encore N. Sarkozy n’arrive ainsi pas à admettre que l’on doit réduire l’utilisation des pesticides et non pas seulement trouver de nouvelles molécules ! (4)

- Le syndicat FNSEA enfin, porte sa part de responsabilité, puisque, aveuglé par le miroir aux alouettes de la course au rendement et à l’intensification, il a foncé et fonce encore aujourd’hui tête baissée dans le modèle agricole promu par l’agro-industrie, fortement dépendant de l’emploi de pesticides dangereux. Par ailleurs la FNSEA freine scandaleusement la création de nouveaux tableaux qui pourraient améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles liées aux pesticides ! (5)

««Cette manifestation de Phyto-victimes au Salon de l’agriculture nous permet aujourd’hui de voir le prix payé par les travailleurs, en agriculture et dans d’autres secteurs, pour le recours en masse aux pesticides de synthèse depuis un demi siècle. » déclare François Veillerette, Porte Parole de Générations Futures. « En plein débat électoral, il doit servir d’électrochoc et faire prendre conscience à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle qu’une réduction rapide de l’utilisation et de la dangerosité des pesticides est désormais une priorité de santé publique. Nous attendons des engagements clairs des partis politiques là-dessus. » Ajoute t’il.

1 : Union des Industries de la Protection des Plantes, le lobby des fabricants de pesticides en France.

2 : Voir notre site : http://www.victimes-pesticides.fr/

3 : L’UIPP veut faire porter la prévention des risques uniquement sur les changements de comportement des agriculteurs, pour éviter d’avoir à travailler sur la réduction du risque à la conception des produits et à faire face à ses propres responsabilités. Voir : http://www.sante-et-travail.fr/agriculture--face-aux-pesticides--la-prevention-reste-artisanale_fr_art_941_50061.html

4 : http://www.campagnesetenvironnement.fr/special-presidentielle-la-parole-a-nicolas-4900.html

5 : La commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (COSMAP), lors de sa réunion du 1er juin 2011, s’est prononcée favorablement pour la création d’un nouveau tableau, permettant de faire reconnaître le cas échéant l’origine professionnelle de la maladie de Parkinson. La FNSEA a voté contre ! voir : http://www.fnafcgt.fr/IMG/pdf/07-11_PARKINSON.pdf

vendredi 24 février 2012

Réorienter d'urgence l'agriculture française

Les candidates et les candidats à l'élection présidentielle de 2012 ne peuvent ignorer le rôle central de l'agriculture dans les crises et les espoirs de notre époque. A l'approche du Salon de l'agriculture, cette question doit être abordée clairement.

Voir la tribune en entier publiée dans Lemonde.fr ici

Générations Futures est signataire de cette tribune.

mardi 14 février 2012

La sécurité des aliments déterminée par des données et des experts liés à l'industrie?

Paris/Bruxelles, Mardi 14 Février 2012,



L'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) est lourdement critiquée dans un nouveau rapport publié aujourd'hui par Corporate Europe Observatory (CEO) et Earth Open Source (EOS), qui montre que cette administration se base sur des données et des experts en provenance de l'industrie pour évaluer la sécurité des aliments, soulevant de sérieux doutes quant à l'indépendance de ses recommandations. [1]

Le Réseau Environnement Santé (RES) et Générations Futures (GF), deux ONG françaises spécialisées dans les questions de santé environnementale touchant notamment à la sécurité des produits chimiques, se sont senties pleinement concernées par cette problématique essentielle du manque d’indépendance de l’expertise de l’EFSA. C’est pourquoi elles ont collaboré avec CEO et EOS pour traduire leur rapport en français et le diffuser en France aujourd’hui.

Le rapport paraît alors que l'EFSA, qui célèbre son 10ème anniversaire cette année, fait l'objet d'enquêtes de la part de la Cour des Comptes Européenne et d'eurodéputés, ainsi que d'une évaluation officielle de la Commission Européenne.

Nina Holland, de Corporate Europe Observatory, explique : « Notre enquête montre que les intérêts industriels ont pénétré au cœur même de l'EFSA. La fréquence des conflits d'intérêts au sein du conseil d'administration et des panels d'experts, ainsi que le fait de se baser largement sur des études de l'industrie, sapent la capacité de l'EFSA à agir conformément à l'intérêt public en matière de sécurité alimentaire. Le fonctionnement de l'EFSA doit être complètement révisé ».

Des personnalités liées à l'industrie siègent dans nombre de comités scientifiques de l'EFSA. Selon le rapport, ceci donne lieu, et de manière fondamentale, à des conflits d'intérêts dans la façon dont l'autorité européenne évalue les données. En particulier, il est montré que des experts de l'EFSA ont des liens avec le lobby industriel ILSI (Institut International des Sciences de la Vie), financé par les principales entreprises de biotechnologie et de l’agroalimentaire.

Le rapport révèle comment des membres des panels de l'EFSA, notamment celui sur les emballages alimentaires, ont omis d'inclure leurs liens avec l'ILSI dans leurs déclarations d'intérêts, en violation des règles existantes de l'EFSA en la matière. L'EFSA a déjà négligé d'intervenir en de tels cas par le passé.

Les recommandations de l'EFSA ont été critiquées en de nombreuses occasions. Des produits tels que l'Aspartame (un édulcorant), le Glyphosate (un herbicide) et le composé chimique Bisphénol A, utilisé dans les plastiques, auraient été approuvés en dépit des réserves soulevées par des études scientifiques indépendantes.

Les méthodes par lesquelles l'EFSA a approuvé la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora ont également fait l'objet de critiques.

Le rapport en appelle à des critères plus stricts pour la sélection des experts, de façon à bannir les conflits d'intérêts avec l'industrie parmi ceux-ci, ainsi qu'à revoir de façon urgente la législation européenne encadrant le fonctionnement de l'EFSA, y compris l'utilisation des données de l'industrie pour les évaluations de risques. En effet, il est fréquent que des scientifiques indépendants ne puissent même pas remettre en cause les tests de l'industrie parce que le matériel de ceux-ci est considéré par cette dernière comme une information couverte par le secret commercial.

Claire Robinson, d'Earth Open Source, ajoute : « Le fait pour l'EFSA de se baser sur les données de l'industrie et d'écarter des recherches indépendantes pourrait mettre la santé publique en danger. Cette année, l'EFSA a accédé à une demande de Monsanto en relevant la limite acceptable pour les résidus de glyphosate sur les lentilles par un facteur 100-150. C'est se placer 6 fois au-dessus de la dose quotidienne pour une exposition sans risques telle que déterminée par des études indépendantes que l'EFSA a écartées. »

La Commission Européenne est censée revoir le règlement fondateur de l'EFSA en 2012, et la Cour des Comptes Européenne doit publier prochainement son rapport sur les conflits d'intérêt à l'EFSA ainsi que pour d'autres agences de l'UE.



[1]. Conflits indigestes – une decennie d'influence industrielle à l'EFSA, Corporate Europe Observatory and Earth Open Source traduit par RES et Générations futures, Fevrier 2012.



Contacts :

- Nina Holland, CEO, +31 630 285 042, nina@corporateeurope.org

- François Veillerette - porte-parole de Générations Futures, +33 681 646 558, mdrgf@wanadoo.fr

- Yannick Vicaire - chargé de campagne Réseau Environnement Santé, +33 608 755 015, res.yvicaire@gmail.com

CONSEIL D’ETAT (13/02/2012) : LE RAPPORTEUR PUBLIC DEMANDE LE REEXAMEN DU ROUNDUP EXPRESS DE MONSANTO, PRODUIT VENDU AUX JARDINIERS AMATEURS.

Suite à l’action de Générations Futures, association de défense de l'environnement et de la santé publique, et Jacques Maret, agriculteur biologique, le Rapporteur Public du Conseil d’Etat demande qu’il soit enjoint au Ministre de l’Agriculture d’examiner de nouveau la toxicité du Roundup Express en raison de la présence d’acide pélargonique, substance active omise par MONSANTO lors de la demande de mise sur le marché..

Rappel des faits. Générations Futures et Jacques Maret ont demandé au Ministre de l'Agriculture l'abrogation de l'autorisation de mise sur le marché de trois formulations de désherbant Round Up® de MONSANTO, les RoundUp® Express, Extra 360 et GT Plus, en raison de la présence de substances dans leurs compositions qui n'ont pas été évaluées en tant que "substances actives", ce qui fausse l'évaluation de la toxicité de ces formulations. Cette demande d’abrogation a été refusée par le Ministre, décision qui a été attaquée devant le Conseil d’Etat. Les requérants se sont fondés principalement sur le fait que des substances présentes dans ces formulations de RoundUp® présentant les caractéristiques d’une substance active, n’avaient pas été considérées comme telles au sens de la législation européenne, et donc n’avaient pas été évaluées dans l’évaluation de la toxicité de ces RoundUp®..

Le Rapporteur Public suit Générations Futures et J Maret sur le cas du Round Up® Express. Au terme d'une procédure complexe, notamment sur le plan scientifique, le Rapporteur Public a suivi, le lundi 13 février 2012, leur argumentation sur le cas du Roundup Express et a demandé l'annulation de la décision du Ministre. Il demande à ce qu’il soit enjoint au Ministre de réexaminer dans un délai de six mois la demande d’abrogation de l’AMM du Round Up® Express et de verser aux requérants la somme de 3.000 € de frais de procédure.

«Il s’agit d’un évènement considérable » selon Générations Futures et Jacques Maret, « car pour la première fois la plus haute juridiction administrative va se prononcer sur la légalité même de l’AMM d’un Round Up® et, partant, sur le contrôle de sa toxicité. Nous ne comprendrions en effet pas que le Conseil d’Etat n’adopte pas dans son arrêt les conclusions du Rapporteur Public. Cette décision sera d’autant plus importante qu’elle touchera un herbicide autorisé à l’emploi dans les jardins. En effet, le Rapporteur Public considère, comme nous, que sa toxicité n’a pas été correctement évaluée, ce qui est particulièrement regrettable pour un produit vendu au grand public et utilisé dans les jardins des familles » ajoutent-ils.

Manque de transparence sur les pesticides : le secret commercial nuit à la santé publique ! Tout au long de cette action, les requérants et leurs avocats, dont Me Franz Vasseur, ont été marqués par la difficulté d’accès aux données sur la composition réelle des phytosanitaires, les obligeant à réaliser de coûteuses analyses scientifiques dès 2009. Cette omerta sur la composition des deux autres Round Up® les a empêchés d’obtenir les informations utiles sur leurs composants pour recueillir un avis favorable du Rapporteur Public.

« Nous allons continuer notre action de surveillance de la sécurité des processus d’homologation des pesticides et aussi demander aux autorités qu’elles lèvent le secret sur la composition complète de ces produits pesticides car cette omerta empêche ou rend très difficile toute contre expertise indépendante en la matière : ce secret nuit gravement à la santé publique et n’est pas acceptable en démocratie », ajoutent François Veillerette (porte-parole de Générations Futures) et Jacques Maret.


>>> Contacts :
Génération Futures : 06 81 64 65 58 - www.generations-futures.fr
Jacques Maret : 06 08 83 23 51 – www.jacquesmaret.net

lundi 13 février 2012

Procès Paul François contre Monsanto.

Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l'inhalation du produit Lasso

Rappel des faits. En 2004, Paul François, agriculteur dans les Charente, a été intoxiqué par des vapeurs de l’herbicide Lasso de Monsanto. Il fut rapidement pris de nausées et d'évanouissements, puis d'une multitude de troubles l'obligeant à interrompre son activité pendant près d'un an: bégaiement, vertiges, maux de tête, troubles musculaires. Ses troubles persistants ont été reconnus en maladie professionnelle en 2008 et Paul François est désormais considéré comme invalide à 50%.

Une procédure en responsabilité civile contre Monsanto.Paul François a alors lancé une procédure en responsabilité civile contre Monsanto. L'audience a eu lieu le 12 décembre 2011, devant la 4è chambre civile du TGI de Lyon.
Une décision du TGI de Lyon saluée par Générations Futures :

Le TGI de Lyon a rendu sa décision dans cette affaire ce lundi 13 février. Monsanto est responsable du préjudice de Paul François suite à l'inhalation du produit Lasso", peut-on lire dans le jugement du tribunal de grande instance de Lyon. En conséquence, le tribunal "condamne Monsanto à indemniser entièrement Paul François de son préjudice" qui sera évalué après une expertise médicale. « Générations Futures salue cette décision courageuse du TGI de Lyon. La reconnaissance de la responsabilité de Monsanto dans cette affaire est essentielle : les firmes phytosanitaires savent dorénavant qu’elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités sur les pouvoirs publics ou l’utilisateur et que des comptes leurs sont demandés. » Déclare François Veillerette, Porte Parole de Générations Futures. « C’est une étape importante pour tous les agriculteurs et les autres victimes des pesticides qui voient enfin la responsabilité des firmes mise en cause dans les maladies douloureuses qui les touchent et leurs préjudices indemnisées ». Ajoute t’il.

mercredi 1 février 2012

Révélations PAN Europe : l’EFSA est infiltrée par les lobbies de l’industrie chimique !

Comme le révèle des documents, l’EFSA – l’autorité européenne de sécurité alimentaire – ne contrôle pas l’infiltration, par les industriels, du groupe de travail sur les substances chimiques.

Rappel des faits. Un groupe de travail de l’EFSA, (groupe de travail TTC) visant à permettre la mise sur le marché de substances chimiques toxiques sans aucun test toxicologique, a été mis sur pied en 2008 sans aucune évaluation en interne par l'EFSA ou encore par des évaluateurs externes – alors même que cela est contraire aux règles propres de l'EFSA. En effet, des documents reçus par PAN-Europe, émanant de l’EFSA après une demande d’accès à ces documents, révèlent [1] que le groupe de travail de l'EFSA sur le TTC (Seuil d’intérêt toxicologique) a été convoquée et organisée par Susan Barlow, une consultante anglaise du secteur privé de l'industrie et proche de longue date de l'industrie chimique finançant un groupe de pression nommé ILSI (International Life Sciences Institute).

Le rôle clef de Susan Barlow. L’EFSA bafoue ici ses propres règles [2] qui disent que la procédure de sélection des experts doit être transparente et être appliquée de manière cohérente. Le processus de sélection des membres du groupe de travail TTC n’a été ni transparente ni conforme à la procédure des autres groupes scientifique de l'EFSA qui se caractérise par plusieurs étapes et l'implication du Conseil de gestion ainsi que des évaluateurs externes. Dans ce cas là, le président proposé, Susan Barlow, a convoqué elle-même ses propres membres pour ce groupe. Susan Barlow a travaillé pour l'ILSI sur le TTC, avant de travailler sur le même sujet à l'EFSA – il y a là clairement un conflit d'intérêts que la direction de l'EFSA a ignoré [3]. La direction de l’EFSA l’a laissée libre de nommer les membres de son réseau industriel au groupe de travail de l'EFSA (voir graphique ci-dessous). Elle a fait appel à [1] Corrado Galli (lié à l'industrie alimentaire et cosmétique), et "impliqué dans l'ILSI", à Giovanni Zapponi jugé "utile pour étudier la possibilité d'utiliser l’approche TTC", à Ursula Gundert-Rémy (liée à l'industrie alimentaire et cosmétique ; et conseiller de ILSI), qui a promu l’approche TTC comme une alternative à la tolérance zéro, et Andy Renwick qui a collaboré étroitement avec Ian Munro (président du groupe de défense des entreprises Cantox) dans le développement de la proposition initiale de l’ILSI sur l’approche TTC [4]. En fin de compte 10 des 13 membres du groupe de travail TTC de l'EFSA se sont avérés être des partisans connus de l’approche TTC et régulièrement liés à l'industrie [4]. L’avis positif de l’évaluation «indépendante» de l’EFSA sur l’approche TTC [5] est donc sans surprise.

L’approche TTC ? L’approche TTC est un outil développé par l'ILSI et grandes entreprises alimentaires permettant de définir un niveau fixe d'exposition aux produits chimiques qui est supposé être sûr pour les personnes. PAN-Europe et Générations Futures dénoncent le fait que cet outil n’est pas sûr et qu’il est fixé de façon arbitraire, et non sur la base de preuves scientifiques.

• Le seuil TTC est calculé en utilisant des données obsolètes émanant de l'industrie. Les produits chimiques les plus toxiques sont retirés de la base de données, permettant ainsi de déclaré qu’une forte dose de produit est sans danger.

• L’approche TTC ne tient pas compte des découvertes scientifiques indépendantes sur les effets nocifs à des doses plus faibles et ne peut pas protéger les groupes vulnérables comme les enfants.

• L’approche TTC est un moyen de garder les produits chimiques non testés sur le marché et économiser des millions pour l'industrie en lui permettant d'éviter des essais coûteux.

L’approche TTC est déjà utilisée pour les substances aromatiques et l'industrie tente de promouvoir progressivement le recours à son utilisation pour les métabolites des pesticides (produits de dégradation) et pour les cosmétiques (via le réseau COLIPA)."

« Cette information, reprise par le Canard enchaîné de cette semaine et développée dans le Monde, est au cœur des préoccupations de nos ONG. Car en effet, comment avoir la certitude que l’ensemble des citoyens européens seront protégés des risques sanitaires liés à l’exposition aux multiples substances chimiques présents dans l’alimentation, si les évaluateurs sont cela même qui profitent de la mise sur le marché de ces toxiques présents dans nos assiettes ? (cf. notre rapport de décembre 2010 intitulé « menus toxiques »). Nous conseillons donc fermement à l'EFSA de mettre un terme à la mission du groupe de travail TTC et de retirer toutes les personnes liées à l'industrie ou à l'ILSI de ses comités d'experts, il en va de la confiance des européens pour leurs agences d’évaluation sensées les protéger mais aussi de la crédibilité même de ces agences. » déclare François Veillerette, porte parole de Générations Futures

1. EFSA selection

2. EFSA procedure

3. ILSI brochure Ms. Barlow

4. Industry network in EFSA
Lien
5. EFSA positive on TTC