jeudi 19 juin 2008

APPEL À MOBILISATION POUR LE LANCEUR D'ALERTE CHRISTIAN VÉLOT

Christian Vélot est enseignant-chercheur en génétique moléculaire à l’Université Paris-Sud.Depuis 2002, il est responsable d’une équipe de recherche à l’Institut de Génétique et Microbiologie (Institut mixte CNRS – Université) sur le Centre Scientifique d’Orsay.Parallèlement à son activité d’enseignement et de recherche, il anime sur son temps personnel de nombreuses conférences à destination du grand public sur le thème des OGM. Ses conférences didactiques, dont l’une a notamment servi de document de travail à l’intergroupe OGM du Grenelle de l’Environnement, ont permis à de nombreux citoyens d’avoir accès à une connaissance de la réalité des OGM et ont contribué à la prise de conscience raisonnée des risques qu’ils portent. Il est souvent intervenu en tant que témoin dans les procès de faucheurs volontaires.Christian Vélot fait partie de ces lanceurs d’alerte qui oeuvrent pour faire valoir la réalité decertains risques et engager des débats démocratiques, là où l’obscurité et l’opacité sont de règle. Cet engagement lui vaut aujourd’hui, de la part de la direction de son Institut, de nombreuses pressions morales et matérielles, depuis l’accusation infondée d’impliquer son institution dans ses prises de position publiques, la confiscation de la totalité de ses reliquats de crédits pour 2008 et 2009, la privation d’un étudiant stagiaire, jusqu’à l’annonce de l’exclusion arbitraire de son équipe de l’Institut à partir de fin 2009. De plus, Christian Vélot et son équipe ont fait l’objet pendant plus d’un an d’un harcèlement pour qu’ils quittent leurs locaux (allant jusqu’à la menace d’un déménagement manu militari) au prétexte de la mise en place d’un prétendu pôle de biotechnologie qui s’est avéré être un projet fantôme pas même budgétisé.Nous demandons que toutes les conditions soient rassemblées pour que Christian Vélot, avec son équipe, puisse poursuivre ses activités de recherche indépendante, ce qui implique notamment que la totalité de ses crédits lui soient restitués et que sa direction revienne sur la décision arbitraire de l’évincer au delà de 2009.Au-delà du cas de Christian Vélot, nous appelons également à une très grande vigilance face aux atteintes à la liberté d’expression des chercheurs, et demandons un véritable statut juridique des lanceurs d’alerte, dans le cadre d’une loi de protection de l’alerte et de l’expertise, dont le principe a été acté par le Grenelle de l’Environnement.Aussi nous invitons celles et ceux d’entre vous qui se sentent concernés par la situation de Christian Vélot, et plus généralement par la question des lanceurs d’alerte, à une journée de mobilisation : Le 25 juin 2008 à 10h30 à Orsay devant l’entrée principale du campus (rue Elisa Desjobert)* pour interpeller la direction l’Institut de Génétique et Microbiologie et les instances universitaires, et à 15h pour un défilé parisien festif du Luxembourg (place Edmond Rostand) au ministère de la Recherche où une délégation demandera à être reçue.Organisations associées (liste non encore exhaustive) : les Amis de la Terre, Attac, Bio Consom'acteurs, la Confédération paysanne, les Faucheurs volontaires, Fondation Sciences Citoyennes, France Nature Environnement, Greenpeace, MDRGF, Nature et Progrès, Réseau Cohérence, WWF...

Pollution de l'eau: taux supérieur à la normale dans la moitié des pays de l'OCDE

La moitié des pays de l'OCDE enregistrent des taux de pollution supérieurs à la normale en raison de concentrations excessives d'engrais ou de pesticides, selon un rapport publié lundi.Intitulé "performance environnementale de l'agriculture dans les pays de l'OCDE depuis 1990", cette étude indique que 44% de la consommation d'eau est consacrée aux terres agricoles.Dans un tiers des 30 pays que compte l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), 30% de l'eau pour l'agriculture vient des nappes phréatiques et certains pays comme l'Australie, les Etats-Unis, la Grèce, l'Italie et le Mexique peinent à les recharger.La concentration excessive de nitrates, phosphores ou pesticides a été relevée sur plus d'un site de surveillance sur dix dans 13 pays membres de l'organisation.En France, le rapport note que l'agriculture est une source "importante" de pollution aussi bien pour les eaux de surface que les nappes phréatiques. Cette pollution est particulièrement importante dans le nord et dans l'ouest du pays.Le retraitement de ces eaux contaminées oblige les pouvoirs publics à d'importantes dépenses. Le rapport cite l'exemple du Royaume-Uni qui y consacre chaque année un budget estimé à quelque 345 millions d'euros.Le rapport relève aussi que les aides publiques à l'irrigation peuvent constituer un frein à une utilisation rationnelle de l'eau.L'OCDE note que les subventions aux carburants à usage agricole sont un obstacle à l'efficacité énergétique. Chaque année, les mesures d'allégement de la fiscalité des carburants en faveur de l'agriculture représentent un manque à gagner pour l'Etat d'environ 950 millions d'euros en France et 2,3 milliards de dollars aux Etats-Unis.Mais l'ODCE souligne aussi que de plus en plus d'exploitants se tournent vers des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement. Les surfaces consacrées à l'agriculture biologique sont en forte progression depuis le début des années 90. Elles représentent encore moins de 2% de la superficie agricole totale à l'échelle de l'OCDE mais plus de 6% dans certains pays d'Europe. pour en savoir plus sur le site de l'OCDE

lundi 9 juin 2008

Halluin, triste record de dioxine en France

Elle s’est levée, la voix en colère, trop de douleur. «En allaitant, on a voulu donner la vie ! Maintenant, on sait qu’on a pollué nos enfants à la dioxine.» «Quatre enfants ont déclaré une leucémie en une année à Neuville-en-Ferrain [Nord, ndlr]. Ma fille est décédée en trois semaines ! Une prise de sang pour trouver la dioxine, c’est 600 euros. Qu’on nous les fasse rembourser par la Sécu !» Cancers et incinérateurs, c’était le thème de la réunion, à Linselles, près de Tourcoing. Dans la salle, élus, associations, habitants, agriculteurs. Cancer. A Halluin, Roncq, Neuville-en-Ferrain, Linselles, un incinérateur d’ordures ménagères, fermé en 1998, pour cause de dioxine dans le lait des vaches. Ici, aucun registre de cancer, mais des médecins qui ont l’impression que les cancers augmentent. «Beaucoup de sujets jeunes, qui n’étaient pas à risque. Et plusieurs cas dans une même famille», indique Jean Lefebvre, gastro-entérologue à Tourcoing et voisin de l’usine. Après des années de bagarre associative, une étude a révélé mardi que le taux moyen de dioxine dans le sang d’une centaine d’habitants d’Halluin, âgés d’une cinquantaine d’années en moyenne, est de 43 picogrammes par gramme de matière grasse contre près de 28 en moyenne en France. Le taux grimpe à 54 chez les Halluinois qui mangent les œufs de leurs poules, et leurs poulets élevés en plein air. Il est de 300 picogrammes chez l’habitant le plus contaminé. Comparé à une dizaine d’études similaires autour d’incinérateurs, c’est le taux le plus élevé jamais trouvé en France. Les dioxines se fixent dans la graisse animale - donc dans le lait de vache et de femme -, s’accumulent et diminuent peu. La dioxine augmente de 9 % le risque de cancer du sein, de 12 % le risque de lymphome (maladie du sang) malin, entre autres.L’usine d’incinération d’ordures ménagères à proximité, qui crachait le taux élevé de 1 gramme par an à sa fermeture, est-elle responsable ? Les auteurs de l’étude assurent que rien ne permet de le dire. Pourquoi ? Parce que l’enquête témoin faite à Orchies - une petite ville à mi-chemin entre Lille et Valenciennes où il n’y a pas d’incinérateur -, sur une vingtaine d’habitants, révèle des concentrations de près de 40 picogrammes et de 48 chez les consommateurs de produits de leurs volailles. Une étude sur un échantillon assez faible qui accréditerait l’idée que finalement, dans le Nord-Pas-de-Calais, région industrielle, il y aurait un taux élevé de dioxines un peu partout. «Scandaleux». Pourtant autour d’Halluin, le lait produit est interdit à la vente et il est déconseillé aux particuliers de consommer leurs volailles élevées en plein air, ainsi que leurs œufs. Michel Autès (Verts), vice-président du conseil régional chargé de la santé, estime qu’il est «scandaleux» que les moyens ne soient pas donnés pour établir un registre des cancers dans la région. «Il devait exister pour le Nord, puis il a été réduit, faute de moyens, à la communauté urbaine de Lille, puis à Lille et aux villes alentour.» Villes parmi lesquelles ne figure pour l’instant pas… Halluin. HAYDÉE SABÉRAN Libération jeudi 5 juin 2008