vendredi 23 novembre 2007

Déclins des abeilles et production alimentaire

Le déclin des populations d’abeilles et ses conséquences
Source : E-meddiat (blog du MEDAD)Rubrique Recherche scientifique.Publié le 23 novembre 2007 par Mathieu Jahnich (D4E).La grande majorité des espèces végétales dans le monde, notamment celles qui produisent les fruits et légumes qui servent de base à notre alimentation, comptent sur les insectes pour se reproduire. Cette richesse écologique et alimentaire est menacée par l’effondrement constaté dans le monde entier des populations d’abeilles, principaux insectes pollinisateurs. Infections parasitaires et virales, mauvais usage de pesticides, destruction des habitats, changements climatiques... sont à combattre pour contrer ce phénomène inquiétant.Les abeilles sont les principaux insectes pollinisateurs : il y en a mille espèces en France et vingt mille à travers le monde. Plusieurs recherches récentes montrent un déclin des populations d’abeilles sauvages et domestiques. Un effondrement des colonies d’abeilles domestiques a par exemple été observé entre 2005 et 2007 aux États-Unis : 30 à 50% de mortalité à la sortie de l’hiver contre 5 à 10% en situation normale. Le même phénomène a été observé en France et en Belgique ces dernières années, jusqu’à l’hiver 2006-2007 où le taux est revenu à la normale sans que l’on connaisse avec certitude les raisons de ce rétablissement.Plusieurs causes pourraient expliquer la diminution dramatique des populations d’abeilles : les infections parasitaires (Nosema cerana, Varroa destructor) ou virales (Israeli Acute Paralysis Virus) des populations, la présence de pesticides dans l’environnement des ruches ou au sein des espèces butinées, la pollution des écosystèmes par des substances toxiques, la réduction de la taille des habitats (qui défavorise le brassage génétique en isolant les populations), la raréfaction des plantes qui fournissent nectar et pollen, la compétition avec des espèces invasives, les changements climatiques... Il est peu probable qu’une seule cause explique le phénomène, les chercheurs penchent plutôt pour la synergie d’un ensemble de petites perturbations d’ampleur unitaire faible.Les conséquences de la disparition des abeilles pourraient être catastrophiques. En effet, la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales dans le monde dépend directement des insectes pollinisateurs (principalement des abeilles et dans une moindre mesure des guêpes, papillons, mouches…). Les abeilles assurent donc la survie de ces espèces et de tout le cortège de vie sauvage qui leur est associé (oiseaux, rongeurs, mammifères…).Plus précisément, la plupart des cultures fruitières (pommes, cerises, fraises…), légumières (courgettes, tomates, poivrons, choux…), oléagineuses (colza, tournesol) ou protéagineuses (féverole) dépendent des abeilles pour se reproduire. Les autres plantes cultivées (notamment les céréales comme le blé, le maïs et le riz) dispersent leur pollen grâce à l’action du vent, de la pluie… Rapportée au tonnage, c’est 35% de la production mondiale de nourriture qui est menacée par la raréfaction des abeilles.Sur le plan économique, il apparaît que l’impact des pollinisateurs est considérable puisqu’il représente environ 10% du chiffre d’affaire de l’ensemble de l’agriculture au niveau mondial. Aux États-Unis, ce marché a été évalué à environ 15 milliards de dollars par an.Dès à présent, des mesures favorables aux abeilles sont possibles : réduire l’usage des pesticides face auxquels les abeilles sont particulièrement vulnérables, stopper la réduction et la fragmentation de leurs habitats, mieux préserver les prairies et développer les jachères fleuries, etc.Le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité (CSPNB), organisme de conseil placé auprès du Ministre en charge de l’environnement, a été saisi de cette question de la diminution des espèces pollinisatrices. Principale référence : Klein AM, Vaissière BE, Cane JH, Steffan-Dewenter I, Cunningham SA, Kremen C, Teja Tscharntke T. 2007. Importance of pollinators in changing landscapes for world crops. Proc. R. Soc. B. 274:303-313.© ministère de l'écologie et du développement durable, reproduction interdite, tous droits réservés

lundi 12 novembre 2007

Pesticides à la télé..

Pesticides : du nouveau ! Une émission sur l'alimentation qui parle des psticides et de l'action du MDRGF sur France 2 et aussi une nouvelle étude sur les pesticides et les cancers du cerveau.

A la télé : une émission sur l'alimentation avec la participation du MDRGF Sur France 2 mercredi 14 novembre 2007 à 20h50 à signaler une émission avec la Participation du MDRGF :"Les 100 qui font bouger la France, le nouveau magazine événement de France 2, propose, pour son 2ème numéro, le thème suivant : « Manger mieux : leur grand défi ! » Distributeurs, cuisiniers, médecins, critiques gastronomiques, scientifiques ou chefs d’entreprises, « les 100 », ce soir, se penchent tous sur nos assiettes. Ils cherchent, alertent, militent… et agissent.Leur credo ? Nous faire manger mieux, sans danger, et moins cher !Parmi « les 100 passionnés », Michel-Edouard Leclerc, David Servan-Schreiber, Carole Bouquet, Christophe Lambert et Jean-Pierre Coffe : ils réagiront, expliqueront et débattront des combats, initiatives et questions des 95 autres Français présents sur le plateau. Faut-il avoir peur de ce que l’on mange ? Peut-on éviter le cancer en mangeant mieux ? Sommes nous condamnés à grossir?Faut-il être riche pour bien manger ? La gastronomie française est-elle encore la meilleure ?Reportages :- Enquête sur les pesticides- Dans le secret d’une consultation d’enfants en surpoids- Décodage express des étiquettes- Hausse des prix : le système D pour la contourner- Excellence française : dans les cuisines de l’Elysée- Dans les coulisses des usines alimentaires "Dans le reportage sur les pesticides : participation du MDRGF et aussi de Raoul Leturcq ( Agriculteur Bio en Picardie) et de Jean Paul Jaude ( Réalisateur d'un film sur l'alimentation Bio )

lundi 5 novembre 2007

Pesticides : Michel Barnier veut aller vite !

Michel Barnier veut aller vite
-Extrait d'une interview de Michel Barnier pour Agrapresse 5 nov. 07Quelques jours après le Grenelle de l’environnement, le ministre de l’Agriculture annonce déjà un premier groupe de travail interministériel sur les phytosanitaires. Michel Barnier, qui s’est confié à l’occasion d’une interview, compte en effet aller vite pour mettre en place les moyens d’appliquer toutes les conclusions tirées par le président de la République le 25 octobre. Il espère de réduire le délai de dix ans évoqué par Nicolas Sarkozy pour diminuer de 50 % l’usage des phytosanitaires. « En ce qui concerne le délai, je veux même faire mieux que les dix ans prévus». En même temps, il affirme qu’il n’est pas question de mettre en péril la viabilité des exploitations. « Les céréaliers sont au cœur de la force de production française, de ce que nous exportons, affirme Michel Barnier. Il faut qu’ils évoluent mais on ne va pas les décourager. » Concernant les OGM, il promet d’aller vite pour qu’une loi soit prête avant les semis mais il ne peut s’engager sur les délais d’expertise conduite par les scientifiques. Le ministre de l’Agriculture se prononce également sur le bilan de santé de la Pac et sa réforme : « Je veux une politique agricole européenne qui soit à la fois durable et équitable », dit-il, insistant sur la nécessité de mieux aider certaines productions comme l’élevage d’ovins. A cette fin, il n’exclut pas de diminuer certaines aides directes en tenant compte de l’augmentation des prix dans certains secteurs. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ce Grenelle ? Ce n’est pas un hasard si la réussite du Grenelle a été rendue possible avec l’agriculture et non pas contre elle ou sans elle. La question climatique est, je crois, le défi le plus important, le plus grave et le plus global pour nous tous. Les agriculteurs, en particulier, sont les premiers touchés par le réchauffement climatique. Lorsque j’étais ministre de l’Environnement, j’avais dit publiquement qu’ils étaient les premiers écologistes de France même si il y a des pratiques à faire évoluer.Dès le départ, j’ai donc voulu que l’agriculture se mette en initiative. Je l’ai dit à mes équipes comme aux dirigeants agricoles. C’est une volonté délibérée, sincère. Avec le Grenelle, on arrive à un socle sur lequel on peut bâtir une nouvelle Pac. Je rends hommage à l’intelligence des dirigeants agricoles car ils ont compris l’enjeu du Grenelle pour ce secteur. J’ai proposé quatre plans qui sont les seuls plans annexés aux conclusions du Grenelle. Ils constituent des bases sur lesquelles nous allons discuter.L’agriculture conventionnelle n’est-elle pas finalement malmenée par le contenu du discours de Nicolas Sarkozy ? Nicolas Sarkozy a clairement marqué une inflexion que nous souhaitons nous même, vers une agriculture de production, durable et non pas productiviste. Je n’ai pas de problème avec cela. J’en ai souvent parlé avec le président de la République.C’est une grande évolution mais elle est nécessaire. Sinon, on risque de retrouver un clivage, une opposition entre la société et l’agriculture. L’agriculture en tant qu’activité économique utilise essentiellement des éléments naturels. Mais il s’agit de ressources qui ne sont pas gratuites et qui sont épuisables, que l’on grignote petit à petit. Les paysans en sont les premiers comptables. Ils doivent faire attention aux usages qu’ils font de certains produits, de l’eau par exemple. Il ne faut pas sacrifier l’avenir au présent comme disait Pierre Mendès France.On demande aux céréaliers de produire plus et en même temps d’utiliser moins de produits agrochimiques ? Comment résolvez-vous cette contradiction ? Etes-vous étonné par les réactions critiques des producteurs de grandes cultures quant aux résultats du Grenelle ?Chacun est dans son rôle. Vous avez des industriels qui se sont exprimés plus que des exploitants agricoles de grandes cultures. Ceux-là ont protesté contre telle ou telle norme ou telle réduction d’usage des produits.Dans la décision qui a été prise de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides, il y a une prudence économique qui consiste à dire que l’on devra proposer au fur et à mesure des produits et des méthodes de substitution. Je vais moi-même présider la première réunion d’un groupe de travail interministériel sur les phytosanitaires. Il sera mis en place dans les jours qui viennent. Il sera composé de ceux qui sont partie prenante sur ce sujet : les dirigeants agricoles, la recherche, les administrations, ministères de l’agriculture, de la santé, de l’environnement, des finances ainsi que des industriels. L’intérêt général l’emportera sur les intérêts particuliers.Vous ne craignez pas les résistances du monde agricole sur ce sujet extrêmement sensible ? Cela sera compliqué et difficile. Mais les agriculteurs utilisent les pesticides par nécessité, pas par plaisir. De plus, on n’est pas allé au bout des possibilités qu’offre la recherche. Il y a des marges de progression dans ce domaine. Ce dispositif inclura aussi un volet formation. Celle-ci commence dans les établissements dont j’ai la responsabilité. Comme vous le voyez, je compte m’occuper personnellement de ce plan, m’y impliquer fortement. Je considère que j’en suis comptable. Faut-il augmenter les crédits de la recherche ? Il faut les augmenter et les réorienter. On va regarder culture par culture, parasite par parasite, région par région. J’ai déjà annoncé le calendrier de la suppression des 47 molécules les plus dangereuses interdites sous 5 ans.Trente le seront l’année prochaine. dix en 2008 et le reste en 2012. La liste est connue. Nous allons réussir que cela plaise ou non à certains industriels.Le président a introduit un « si possible » dans le calendrier à 10 ans pour la réduction des phytos qui a rassuré les agriculteurs et semé le doute dans l’esprit des écologistes. Qu’est ce que cela signifie ? Ce « si possible » signifie qu’on ne mettra pas en cause la viabilité économique des exploitations. Si cet été nous n’avions pas pu lutter contre le mildiou, il n’y aurait pas eu de récolte de pommes de terre. En ce qui concerne le délai, je veux même faire mieux que les 10 ans prévus et je souhaite que le « si possible » disparaisse. Je suis très volontariste sur cette question. Je vais m’impliquer dans la réussite de ce plan avec tous ceux qui peuvent y contribuer. Je suis prêt à accepter tous les raisonnements dès l’instant où ils sont sincères et guidés par le souci de l’intérêt général. Et l’intérêt général, du point de vue des consommateurs, de la santé publique, de l’environnement, du revenu des agriculteurs, est que l’on utilise le moins de produits de cette nature. L’industrie phytopharmaceutique doit participer à ce chantier. Je vais les réunir et les consulter.../...Commentaire du MDRGF : bien évidemment nous allons rester très vigilants sur ce dossier pour que les engagements pris soient tenus dans les meilleurs délais...nous vous tiendrons régulièrement au courant des travaux concernant la mise au point puis la mise en oeuvre de ce plan de réduction des pesticides. Nous veillerons à ce que notre voix, votre voix soit entendue et que les lobbies de tous poils ne réduisent pas ces intensions à néant. Nous aurons plus que jamais besoin de vous à nos côtés pour aider ces mesures tellement nécessaires à voir le jour !