vendredi 20 mai 2005

Des pesticides interdits prévus sur un site de stockage dans le Pas de Calais

La société Act’Appro, située dans le Pas de Calais, a déposé un dossier pour demander l’autorisation d’agrandir son site de stockage de pesticides jusqu’à la capacité de 2 400 tonnes, dont 666 tonnes classées T et 15 tonnes T+ (toxique et très toxiques). Le seuil de classement d’un stockage en catégorie « Seveso haut » est de 500 tonnes seulement !
Les membres de l’association écologiste locale NATS (Non à Ternois Seveso) se posent des questions. «Pourquoi ce dossier, n’est-il toujours pas passé devant le Conseil Départemental d’Hygiène ? (le CDH aurait dû l’étudier dès février)», s’interroge Frédéric Lefèvre (Président de NATS). Si ce dossier est sans risque, pourquoi la Mission Inter Services de l’Eau (MISE) a-t-elle donc émis un «avis défavorable» sur le choix de rejet des eaux en milieu naturel présenté par Act’Appro? Comment se fait-il, aussi, «que nous n’ayons pas encore eu connaissance des résultats de l’enquête publique»?
A la demande de la NATS, le MDRGF a étudié le dossier préalable à l’autorisation déposé par la société Act’Appro. Nous avons eu la stupeur de trouver que plusieurs spécialités phytosanitaires, prévues pour être entreposées sur ce stockage, sont interdites d’emploi en France et en Union Européenne depuis plusieurs années ! Ces produits contiennent en effet des substances actives interdites comme l’Atrazine, le Terbufos (classé T), l’Endosulfan (classé T) ou encore le Parathion méthyl, (classé T+ !).
Le MDRGF a immédiatement prévenu le Préfet du Pas de Calais par lettre en le mettant en garde contre les dérives présentées par cette situation : « …pourquoi autoriser le stockage de matières actives très dangereuses, interdites à l’emploi en France, sur ce site ? Elles ne bénéficieront pas aux agriculteurs de la région qui ne pourront pas les employer et leur stockage servira seulement les buts lucratifs de l’entreprise Act’Appro qui essayera éventuellement de les exporter vers des pays où ces substances sont autorisées, à moins que l’entreprise ne décide de se servir du stockage comme une sorte de « décharge » pour pesticides dangereux interdits !
De plus, l’entreprise prévoit le stockage de spécialités extrêmement toxiques à base de paraquat comme le Gramoxone plus®. Le paraquat est un composé extrêmement toxique pour lequel, selon l’avis même du représentant du ministère de la Santé à la commission d'étude de la toxicité des produits antiparasitaires à usage agricole, il n’existe aucun antidote ! Comment l’entreprise entend elle dans ces conditions, pouvoir répondre aux éventuelles exigences d’un arrêté préfectoral qui, comme celui déjà accordé le 27/10/2003 prévoit dans son article 11 que l’exploitant devra fournir : « les moyens curatifs pouvant être utilisés pour traiter les personnes exposées à cette pollution » ?
Plusieurs semaines après l’envoi de cette lettre, nous n’avons toujours eu aucune réponse du Préfet.
A ce jour, les riverains n’ont toujours pas reçu les résultats de l’enquête publique et ne savent pas pourquoi Act’Appro veut stocker des pesticides interdits !
Le MDRGF va continuer à aider les associatifs locaux en se rendant le 16 mai prochain à une soirée conférence à laquelle participeront également de nombreux élus, locaux, régionaux ou nationaux, opposés au projet…
A suivre !
Le MDRGF se mobilise et participe à une conférence d’information organisée par l’association locale, NATS. Le MDRGF apporte son soutien aux élus locaux et à NATS, qui se retrouve aujourd’hui assignée en justice par la société Act’appro pour campagne de dénigrement. Cette association dénonce la possible installation d’un entrepôt de plus de 2400 tonnes de pesticides dangereux à Ternas, faisant de ce lieu un site classé Séveso III !
Déroulement de la réunion :
Le 16 mai à 20 H 30 à Saint-Pol sur Ternois a eu lieu une « Conférence-Débat » intitulée « Pesticides, Santé, environnement quel avenir ? ». En tribune se trouvait : François Veillerette, Président du MDRGF, Alain Alpern, Vice-Président du Conseil Régional chargé de l'Environnement et du Développement Durable, Florent Lamiot Ecologue.
La réunion s’est tenue en présence de Maurice Louf, Maire de St Pol et Conseiller Général.
Le MDRGF s’est exprimé sur cette question en expliquant pourquoi le projet de stockage de Ternas est un projet dangereux. En effet un certain nombre des pesticides figurant au dossier bien qu’interdits d’emploi en France et dans l’UE seront stockés sur le site de Ternas.

Exemples de produits interdits en France prévus dans le projet de stockage :
François Veillerette a rappelé que le dossier présenté, non actualisé, à la préfecture pour autorisation d’installation de ce centre de stockage, ne faisait état que de 90% des substances, quid des 10% restant ? Aucune information ne nous a été présentée à ce jour.
Florent Lamiot a présenté ces résultats de recherches sur l’impact des pesticides pour l’environnement et les pertes en biodiversité qu’engendre l’utilisation de ces produits, ainsi que la manière dont les pesticides se trouvent transportés dans l’air et l’eau et pourquoi ils s’accumulent dans les sols.
Enfin Alain Alpern, Vice-Président du Conseil Régional chargé de l'Environnement et du Développement Durable, s’est exprimé sur cette question en apportant son soutien à l’action menée par NATS.
Pour contacter Non A Ternas Seveso (NATS) : nats62@tiscali.fr

mardi 17 mai 2005

Conférence de presse sur l'irrradiation à l'assemblée nationale

Mardi 17 mai 2005 à 11h s’est tenue à l'Assemblée Nationale une conférence de presse, présidée par Yves Cochet, Député vert, sur l’irradiation des aliments intitulée « Aliments irradiés ? Réagissons ! ».
Cette conférence de presse a été organisée par un collectif d’associations anti-irradiation des aliments auquel participe le MDRGF. Ce collectif est coordonné par Public Citizen, association de référence sur cette question. François Veillerette a pris part à cette conférence de presse en tant qu’intervenant pour mettre en avant les méfaits sur la santé de ce procédé.

L'irradiation des aliments consiste à soumettre des produits alimentaires à des rayons gamma (généralement Cobalt 60) ou à des électrons projetés à une vitesse proche de celle de la lumière. Les produits autorisés à l'irradiation sont répertoriés dans une liste officielle* et doivent être étiquetés « traité par ionisation » ou « traité par rayonnements ionisants ».
Faute de contrôles suffisants, les pouvoirs publics sont à l'heure actuelle incapables d'évaluer et de maîtriser les volumes d'aliments irradiés effectivement commercialisés en France. Or, de très fortes incertitudes demeurent quant aux impacts sur la santé de la consommation d'aliments irradiés. Prenant en compte les résultats inquiétants de nouvelles études sur la toxicité et l'incidence sur le développement du cancer de la consommation d'aliments irradiés, les parlementaires européens ont voté en décembre 2002 en faveur d'une liste de denrées autorisées à l'irradiation très restrictive*. Le principe de précaution, récemment intégré dans la Constitution française, doit aussi être appliqué en France.

A l'occasion de la présentation par le député Yves Cochet d'une proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête relative à l'impact dans l'alimentation et sur la santé des denrées traitées par radiations ionisantes, le Collectif français contre l'irradiation des aliments a expliqué pourquoi il demande l'interdiction de cette pratique.

Etaient présents à cette conférence de presse:
> Yves Cochet (Député Vert de Paris)> François Veillerette (MDRGF)> Olivier Keller (Confédération Paysanne)> Nicolas Depret (Réseau Sortir du Nucléaire)> Laurent Leguyader (Action Consommation)> Morgan Ody (Public Citizen)

Pour la suite :
Yves Cochet va envoyer cette semaine (vers le 22 mai) une lettre à tous les députés les invitant à signer la proposition de résolution. La plupart des parlementaires contactés jusqu'à présent ont peu d'information sur cette question, ce qui est la principale raison de leur hésitation à intervenir dans le débat.


Par ailleurs, vous pouvez vous aussi soutenir notre campagne contre l’irradiation des aliment en diffusant et soutenant l'appel national contre l'irradiation des aliments déjà signé par de nombreuses organisations dont Action Consommation - Agir pour l'Environnement - Les Amis de la Terre - Association pour l'Information sur la Dénaturation des Aliments et la Santé (AIDAS) - Association Léo Lagrange pour la Défense des Consommateurs - ATTAC - Biocoop - Bure-Stop - Confédération Paysanne - CRiiRAD - Ecoforum - EKWO - Fédération Nature et Progrès - Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF) - Public Citizen - Réseau Sortir du Nucléaire

>>> Tout sur l’Appel contre l’irradiation

* Produits dans la liste européenne : herbes aromatiques, épices, condiments
Liste additive pour la France : oignon, ail, échalote, légumes et fruits secs, flocons et germes de céréales pour produits laitiers, farine de riz, gomme arabique, volaille, cuisses de grenouilles congelées, sang séché et plasma, crevettes, ovalbumine, caséine et caséinates

Revue de presse de cette conférence :
- De nombreuses radios étaient présentes dont France Inter, France Info, RTL, Europe 1, Cherie FM, TSF.
- Un encart est paru dans le journal 20minutes, n°742 du 18 mai 2005, p 7 : "Les Verts réclament une enquête parlementaire sur l'irradiation des aliments, un procédé de conservation qu'ils estiment dangereux pour la santé."
- Une Dépêche AFP est tombée le soir même :
Irradiation des aliments: les Verts demandent une commission d'enquête
17/05/2005 - AFP - Les Verts, appuyés par une quinzaine d'associations écologistes et de consommateurs, ont demandé mardi la création d'une commission d'enquête parlementaire sur l'irradiation des aliments, un procédé de conservation que ses adversaires jugent dangereux pour la santé.
Cette commission devrait se pencher sur la réglementation en vigueur et son respect, déterminer la place de ces denrées dans l'alimentation et évaluer les risques pour la santé humaine et animale, a expliqué devant la presse le député Vert Yves Cochet.
Ce procédé, qui ne rend pas les aliments radioactifs, utilise une source de rayonnement ionisant pour tuer certains micro-organismes responsables de contaminations, empêcher la germination pour certains légumes ou ralentir le mûrissement des fruits.
Deux directives (lois-cadre) européennes limitent son utilisation aux épices et herbes aromatiques séchées, mais plusieurs pays, dont la France, ont obtenu des dérogations pour élargir le champ d'application (pommes de terre, légumes secs, viandes et abats de volailles, cuisses de grenouille, crevettes...).
"Pour que les produits aient l'apparence de la fraîcheur, on irradie", a souligné M. Cochet.
"On permet le commerce d'aliments qui arrivent en France à un niveau sanitaire correct uniquement par subterfuge", a estimé Laurent Leguyader (Action consommation), soulignant que de nombreuses denrées soumises à ce procédé venaient de pays aux "conditions sanitaires beaucoup moins strictes".
Le consommateur n'est plus en mesure de distinguer une denrée fraîche d'une autre "sur-conservée" par irradiation.
"L'irradiation détruit d'autre part une grande partie des bactéries dans les aliments, donc une grande partie de la vie", a expliqué Morgan Ody (Public citizen): des aliments sont modifiés dans leur structure chimique et leur équilibre bactériologique. On constate une diminution de 40 à 80% de certaines vitamines.
Enfin, les associations déplorent l'absence totale d'information, du fait de contrôles insuffisants: absence fréquente d'étiquetage et méconnaissance de la part réelle des denrées irradiées commercialisées en France.
Très utilisée aux Etats-Unis, l'irradiation, ou "ionisation", se développe dans les grands pays émergents comme le Brésil, l'Afrique du Sud, la Thaïlande ou les Philippines.
"Il y a une crainte que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) nous oblige à élargir la liste des produits pouvant être irradiés", a déploré M. Cochet, qui souhaite qu'on en revienne au moins à la stricte réglementation européenne.

samedi 7 mai 2005

OGM : un incident qui inquiète l'industrie aux USA

Aux Etats-Unis, Syngenta* a commercialisé illégalement un maïs OMG bt1** expérimental et ceci pendant quatre ans avant de s'en apercevoir ! L’industriel prétend qu’il s’agit d’une erreur !

Cette soi-disant « erreur », découverte en décembre 2004, a été révélée seulement fin mars 2005 par la revue scientifique "Nature". Ce maïs contenait un gène de résistance à un antibiotique, l’ampicilline, couramment utilisé. Ceci présente un danger car les transferts de gènes de résistances aux antibiotiques sont possibles vers d’autres cultures et pourraient, in fine, engendrer des phénomènes de résistance chez l’homme.

>>> Autorités : silence sur le sujet

L'Environmental Protection Agency (EPA), l'agence officielle américaine de protection de l'environnement, tout comme le département de l'agriculture (USDA), se gardent de médiatiser l'affaire et tentent de la minimiser. Il s'agit pourtant de 150 Km² cultivés avec ce mais OGM. Ces deux organismes de contrôle gardent un silence total sur leurs sites Internet où nous n'avons pas trouvé de communiqué sur cette délicate affaire.

« C’est assez scandaleux » a déclaré Greg Jaffe, Chef du projet biotechnologies au Centre pour la Science dans l’Intérêt du Public, un groupe de pression de Washington DC. « Cela montre que les entreprises et le gouvernement ne jouent pas franc jeu ! »
Le Codex Alimentarius qui définit les standards alimentaires mondiaux, et l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire demandent que les gènes marqueurs de résistances à des antibiotiques ne soient pas employés dans les cultures OGM.
Il faut préciser qu'il ne s'agit pas de la première erreur. Le StarLink, du maïs transgénique produit par Aventis CropScience et uniquement réservé à l'alimentation animale, s'est retrouvé dans la chaîne alimentaire humaine dans le passé.

Si le Starlink est interdit dans l'alimentation humaine, c'est en raison de risques d'allergies. Or, le développement de toxines par les plantes transgéniques constitue un véritable danger en cas d'allergie. Pour Jean-Pierre Berlan, Directeur de recherche à l'INRA, les « scientifiques découvrent une véritable " terra incognita ", qui pose des problèmes radicalement nouveaux parce qu'elle met en échec tout ce que nous savons. », ce qui peut poser d'immenses difficultés en cas de crise sanitaire. Surtout que selon Gilles-Eric Seralini, expert en OGM auprès de l'UE, « les OGM contiennent des pesticides jamais testés sur des cellules humaines ».
Un comble en matière de sécurité alimentaire !

* Firme phytosanitaire qui commercialise entre autre des pesticides à base de Paraquat
** Maïs génétiquement modifié par l'introduction d'un gène issu d'une bactérie et destiné à produire une toxine fatale à certains insectes.