PARIS, 28 avr 2006 (AFP) - Une centaine d'associations se mobilisent jusqu'à la fin de la semaine contre les pesticides, leur impact sur l'environnement et la santé et présentent des alternatives pour enrayer leur consommation débridée. "La France est le premier consommateur européen de pesticides, avec plus de 80.000 t déversées chaque année, le troisième mondial après les Etats-Unis et depuis peu, le Brésil", remarque François Veillerette, président du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) à l'initiative de l'événement. Regroupé sous l'ombrelle de l'Action citoyenne pour les alternatives aux pesticides (ACAP), le collectif d'associations organise plus d'une centaine de manifestations dans les régions, destinées aux professionnels comme aux jardiniers du dimanche et aux consommateurs, avec formations aux méthodes non chimiques, visites d'exploitations bio et conférences. Dans un communiqué, le MDRGF, rappelle les "conséquences néfastes des pesticides sur l'environnement - pollution des eaux, des aliments ou de l'air - et sur la santé - augmentation de la stérilité, des cas de leucémies chez les enfants, cancers - qu'ils soient utilisés au champ, au jardin ou dans l'habitat". Les experts de l'INRA (Institut national de recherche agronomique) et du Cemagref (Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement), rappelle François Veillerette, "s'inquiètent de l'utilisation outrancière qui est faite de ces produits en France". D'après l'Institut Français de l'environnement (IFEN), des résidus de pesticides sont présents dans 75% des eaux superficielles et dans 57% des eaux souterraines. Les promoteurs des événements veulent surtout faire entendre que de nombreuses alternatives, économiquement viables, existent: "Le Danemark, que nous citons depuis longtemps en exemple, a réussi en dix ans à diminuer par deux sa consommation de produits phyto-sanitaires et celle-ci continue de baisser", remarque François Veillerette. Mais les jardiniers amateurs, qui ne sont soumis à aucune pression économique, devraient être les premiers à montrer l'exemple, estime-t-il en vantant les mérites des nombreux manuels de jardinage bio. D'autant qu'avoir des stocks de produits chimiques chez soi n'est pas sans danger. "Le centre anti-poison de Lille indique que les accidents liés aux pesticides sont la troisième source de ses consultations, après les intoxications liées aux médicaments et celles dues au monoxyde de carbone", prévient-il. Pour connaître l'ensemble des manifestations: (http://www.semaine-sans-pesticides.com)
PARIS, 28 avr 2006 (AFP) - La France est le premier consommateur européen et le troisième mondial de pesticides, avec de graves conséquences sur la santé et l'environnement. Mais de nombreuses alternatives viables existent, au champ comme au jardin, assure à l'AFP François Veillerette, président du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF). Un collectif d'une centaine d'associations fédérées par le MDRGF organisait cette semaine une semaine de mobilisation contre les pesticides.
Q. - Pourquoi la France est-elle si grosse consommatrice de produits phytosanitaires?
R.- La France a une grande surface agricole et un type d'agriculture fondé sur des productions spécialisées et intensives, pas seulement dans les céréales mais aussi dans l'arboriculture fruitière: on pratique en moyenne 27 traitements sur les pommes, parfois plus. La viticulture, sur 3 à 4 % de la surface agricole utile, utilise 20% des pesticides. Il ne faut pas pour autant exonérer les jardiniers, qui utilisent près de 8% des produits vendus, ou les espaces verts (2%). Mais il faut développer des systèmes agronomiques qui recourent à peu ou pas du tout de pesticides.
Q. - Y-a-t-il des alternatives viables en agriculture?
R. - Il faut changer les systèmes de productions actuels - monovariétés sur d'immenses surfaces - pour aller vers des systèmes de semis moins serrés, des variétés plus résistantes aux maladies, travailler la fertilité du sol pour réduire les engrais et maintenir la biodiversité pour entretenir oiseaux et insectes utiles, qui contrecarrent l'explosion des ravageurs. Dans un rapport de décembre dernier, l'INRA cite en exemple deux alternatives: la production bio, vers laquelle tendre en absolu, et le système de "production intégrée" qui associe techniques du bio et utilisation de quantités moindres de pesticides (la moitié environ par rapport aux cultures conventionnelles).
Q. - Les agriculteurs devront-ils se résoudre à accepter des baisses de rendements?
R.- Il faut surtout mettre en place une taxation des pesticides, essentielle pour rendre les agricultures qui ne les utilisent pas ou peu, plus compétitives: la petite baisse de rendement, donc de revenu, d'un côté serait ainsi compensée par la baisse de charges sur les produits chimiques. C'est ce que font le Danemark - pris en exemple par l'Inra - qui a diminué de moitié sa consommation en 10 ans, la Suède, la Norvège, ou la Suisse, où les deux-tiers des surfaces agricoles sont en production intégrée. Enfin, pour permettre aux agriculteurs de diminuer leur consommation de pesticides, il faut aussi les soutenir et cesser d'importer des pommes de Chine, par exemple: quel sens cela a-t-il en temps de flambée du prix du pétrole, de pénurie d'énergie et de réchauffement du climat?
Retrouvez l'ACAP sur son site internet : www.acap.net
Contact :Nadine Lauverjat, point de contact de l'ACAPmdrgf2@wanadoo.fr01 45 79 07 59
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