mercredi 16 février 2011

Générations Futures s’insurge contre les propos du Ministre de l’Agriculture, Bruno Lemaire, qui a qualifié la campagne d’affichage de FNE de « scanda

La ficelle est un peu grosse : au motif que les ONG chercheraient à « accabler les agriculteurs de tous les maux de notre société », le Ministre de l’Agriculture cherche à détourner l’attention du public des vrais problèmes sanitaires et environnementaux liés au mode d’agriculture qui a été imposé au monde agricole depuis 60 ans. Ces problèmes sont pourtant réels et aucune personne honnête ne conteste plus la réalité des pollutions des eaux par les nitrates et les pesticides ou l’impact désastreux de ces mêmes pesticides sur la biodiversité ou, pire, sur la santé des agriculteurs eux-mêmes.

Plutôt que d’affronter cette réalité et d’aider le monde agricole à changer, comme le demande la société et comme le souhaite une part croissante de la profession elle-même, le Ministre préfère la fuite et choisi de victimiser le monde agricole…ce qui lui évite de s’attaquer aux vrais problèmes. Il oublie au passage que si les ONG en sont réduites à utiliser d’onéreuses campagnes d’information chocs c’est parce qu’ un certain Lemaire Bruno a choisi, depuis des mois, de piétiner allègrement des engagements gouvernementaux pris dans le cadre du Grenelle de l’Environnement comme en introduisant une évaluation socioéconomique avant le retrait de tout pesticide du marché ou encore en rabotant l’objectif de réduction de leur usage, que le discours de la rue de Varenne situe maintenant d’avantage aux alentours de – 30% que des – 50%, comme le stipule pourtant la loi Grenelle 1. Rappelons également la récente division par 2 du crédit d’impôt accordé aux agriculteurs bio en conversion, ou des dérogations accordées à la pelle à des pesticides pour des « dangers imprévisibles » imaginaires…

Mais peu importe pour le Ministre de piétiner allègrement le principe essentiel de la liberté d’expression, qui donne pourtant clairement à FNE le droit de faire cette campagne qui rend simplement compte de manière non détournée de faits réels, en taxant l’action de ‘scandaleuse’ et en volant ainsi au secours de l’inacceptable.

« Générations Futures pense que ce qui est scandaleux c’est l’attitude d’un Ministre de l’Agriculture qui, soucieux de plaire en haut lieu pour assouvir ses ambitions personnelles, est prêt à tous les renoncements en matière d’environnement, pour éviter les haussements de sourcils de la frange très minoritaire la plus rétrograde du monde agricole. C’est cette attitude d’un ministre au service d’une faction, qui justifie plus qu’amplement la campagne de FNE et qui justifie aujourd’hui le soutien que Générations Futures apporte à cette association. » déclare François Veillerette, porte parole de Générations Futures.

jeudi 3 février 2011

Demain journée mondiale contre le cancer

Demain journée mondiale contre le cancer : la question des causes environnementales sera-t-elle au cœur des préoccupations?
L’OMS a fait du 4 février la journée mondiale contre le cancer. Le 1er décembre notre association, en partenariat avec HEAL, le RES et le WWF, lançait sa campagne Environnement et cancer pour faire de la prévention environnementale un enjeu majeur dans la lutte contre le cancer.
Il est écrit sur le site de l’OMS, sur la page d’annonce de cette journée, que « Chaque année, l’OMS, aux côtés de l’Union internationale contre le cancer, met en avant des moyens susceptibles de faire reculer la charge de cette maladie partout dans le monde ». En lisant cette phrase, on s’étonne alors du peu de considération dans les politiques internationales et nationales du lien entre environnement et cancer. En effet il n’y a pas en France de volet environnemental dans le plan cancer (1) alors qu’ une meilleure protection de notre environnement et une réduction significative des pollutions diffuses contribueraient grandement à réduire « la charge » exorbitante de cette maladie.

Les coûts du cancer 73,37 milliards pour l’ensemble des coûts directs et indirects pour la société de tous les cas de cancer (2)! Pour mémoire en 2009 Les comptes de l’assurance maladie se sont soldés par un déficit de 11,5 milliards d’euros en 2009, ceux de la Sécu ont plongé de plus de 23 milliards d'euros la même année. Le coût pour la société de l’ensemble des cas de cancer représente donc plus de 2 fois l’ensemble de ces déficits !

Les causes environnementales. L’incidence du cancer en France a progressé entre 1980 et 2005 de + 93% chez l’homme et + 84% chez la femme (3). Le changement démographique n’explique que 41% de cette augmentation chez l’homme et 29% chez la femme. Le reste, soit une augmentation de + 52% pour l’homme et + 55% pour la femme doit être attribué à des causes environnementales au sens large. Par environnement on entend bien sûr l’environnement naturel mais aussi notre environnement intérieur, notre environnement au travail ou encore notre alimentation, qui sont autant de facteurs d’exposition à des facteurs de risque pour de nombreuses pathologies chroniques comme les cancers. Des études sur des registres de vrais jumeaux, ou sur les changements de taux de cancer des populations migrantes montrent un lien entre de très nombreux cancer et des facteurs environnementaux. De même la croissance régulière du cancer chez l’enfant en Europe depuis 30 ans nous montre qu’il faut chercher dans notre environnement les cause de cette maladie et ne pas se cantonner à mettre en avant les seuls facteurs tabac et alcool, comme le font les académies de médecine et des sciences, dans des rapports qui ne prennent pas en compte ces réalités.

« Pour toutes ces raisons et parce que la prévention est capitale pour agir sur les causes du cancer, il est urgent de mettre la question de l’environnement au cœur de nos politiques de santé ! Ainsi nous demandons la mise en place un véritable volet environnement dans le 2° Plan Cancer, de mettre le principe de précaution au cœur du PNSE2, notamment en agissant sur les cancérigènes possibles (CMR3) et les perturbateurs endocriniens et enfin de mettre en place des actions fermes de substitution immédiate pour les substances cancérigènes, certaines ou probables, et non une simple réduction de leurs émissions. C’est le message que souhaite porter nos associations lors de cette journée de lutte contre le cancer et que nous porterons dans le cadre de notre campagne sur l’Environnement et le cancer.» déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

1. Voir notre bilan critique du PNSE2 et du plan Cancer http://www.environnement-et-cancer.com/cancer_environnement_aspects_politiques.html
2. American Cancer Society et de ‘ l’ Economist Intelligence Unit’ Breakaway: The global burden of cancer—challenges and opportunities A report from the Economist Intelligence Unit 2010.
3. InVS « Estimation de l'incidence et de la mortalité par cancer en France de 1980 à 2005 »